Cancers du larynx et des ovaires : vers une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles liées à l’amiante ?

Photo d'un bureau où l'on peut voir un bloc de prise de notes et un stéthoscope : consulter un médecin fait partie du processus de reconnaissance des maladies professionnelles liées à l'amiante.

La reconnaissance des maladies professionnelles liées à l’amiante est un sujet évolutif. En effet, l’amiante ayant des conséquences « à retardement », les scientifiques peinent parfois à prouver les liens de cause à effet. Toutefois, la législation évolue pour mieux reconnaître les effets négatifs de l’amiante. Ainsi, si le mésothéliome, aussi surnommé « cancer de l’amiante », est reconnu depuis le décret du 5 janvier 1976, certaines pathologies peinent à être inscrites au tableau des maladies professionnelles.

 

Déchiffrons aujourd’hui les actualités autour du lien entre l’amiante et les cancers du larynx et des ovaires.

 

Amiante et maladies professionnelles : état des lieux en France

Montage photo illustrant l'état des lieux des maladies professionnelles en France

Avant toute chose, faisons le point sur la situation en France. On considère que, chaque année, l’amiante est responsable de 3 000 à 4 000 maladies reconnues comme maladies professionnelles. Il s’agit donc de la deuxième cause de maladies liées au travail.

 

Jusqu’alors, les maladies professionnelles liées à l’amiante reconnues par le Tableau Général (tableau 30 et 30bis) et le Tableau du Régime Agricole étaient les suivantes :

  • L’asbestose ;
  • Le cancer broncho-pulmonaire ;
  • Les lésions de la plèvre (plaques pleurales, pleurésie, épaississement pleural) ;
  • Le mésothéliome de la plèvre, du péricarde ou du péritoine ;
  • Autres tumeurs pleurales.

Les actualités concernant une meilleure reconnaissance de maladies professionnelles liées à l’amiante

Photographie de journaux illustrant les actualités concernant une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles liées à l'amiante.

Face à cet état des lieux, nous pouvons déplorer des victimes oubliées par la législation. Pourtant, nous savons désormais que l’amiante joue un rôle dans l’apparition de cancers du larynx et des ovaires. En effet, le Centre International de Recherche contre le Cancer (aussi appelé CIRC) confirme depuis 2012 un lien de cause à effet. L’ANSES a également rendu un avis en septembre 2022 concluant à une relation causale avérée entre le risque de survenue des cancers du larynx et des ovaires et l’exposition professionnelle à l’amiante.

 

 

Progressivement l’Etat met à jour les tableaux de maladies professionnelles. Ainsi, depuis août 2023, les cancers du larynx et des ovaires sont inscrits au tableau des maladies professionnelles agricoles. On peut les retrouver sur un nouveau tableau, à savoir le 47 Ter. Un décret du 11 août fixe cette décision, qui a d’ailleurs été publiée au Journal officiel le 13 août 2023.

 

A savoir également que les cancers du larynx et des ovaires sont désormais officiellement reconnus comme maladies professionnelles liées à l’amiante dans le cadre du régime général de la sécurité sociale. Cette inscription prend effet via le décret du 14 octobre 2023.

Vers une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles : les précisions du 11 août 2023

Illustration représentant une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles et les précisions du 11 août 2023.

Le décret du 11 août 2023 apporte également d’autres précisions. Ainsi, on peut y retrouver une liste de travaux pouvant provoquer ces pathologies dans le domaine agricole, notamment :

  • L’isolation, la pose, la dépose, l’usinage, la découpe, le ponçage, la manipulation de matériaux contenant de l’amiante ;
  • Les travaux de retrait d’amiante ;
  • Les travaux d’entretien d’équipements amiantés ;
  • Toute tâche effectuée dans des locaux pouvant exposer le travailleur à l’amiante ;
  • Toute tâche nécessitant le port de vêtement contenant de l’amiante.

 

Ensuite, nous pouvons retrouver le délai de prise en charge. Il est, comme pour les autres maladies professionnelles liées à l’amiante, relativement long du fait du délai de latence. En effet, le décret précise que le temps maximum écoulé depuis la fin de l’exposition est fixé à 40 ans.

Cancers du larynx et des ovaires : des maladies professionnelles insuffisamment déclarées

Photo de papiers administratifs illustrant des maladies professionnelles liées à l'amiante insuffisamment déclarées.

Selon la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, les données parlent d’elles-mêmes. En effet, seules 130 demandes de reconnaissance du cancer du larynx en tant que maladie professionnelle liée à l’amiante ont été examinées entre 2010 et 2020. De plus, 6 demandes ont été déposées pour faire reconnaître le cancer des ovaires lors de cette période.

 

Par conséquent, nous pouvons considérer que ces cancers sont non seulement sous-déclarés, mais aussi sous-reconnus.

 

En parallèle, l’ANSES livre de nouvelles recommandations concernant la traçabilité des expositions à l’amiante. En effet, les études épidémiologiques se font essentiellement sur les hommes et il manque de données sur l’exposition des femmes. Dans son avis, l’ANSES met en évidence les secteurs où les femmes peuvent être concernées par l’exposition à l’amiante : le BTP même si elles sont moins nombreuses que les hommes, la fabrication de textiles non inflammables, la santé par leur exposition indirecte du fait des locaux de travail contenant de l’amiante, etc.

 

On peut espérer que l’inscription de ces cancers au tableau des maladies professionnelles va faire évoluer la situation et inciter les médecins à une meilleure connaissance du risque amiante.

 

La nécessité de mieux prévenir les maladies professionnelles liées à l’amiante

Image illustrant la nécessité de mieux prévenir les maladies professionnelles liées à l’amiante.

Au-delà du cancer du larynx et du cancer des ovaires, on constate 25 ans après son interdiction, que l’amiante continue à faire de nombreuses victimes. Sur près d’un million de travailleurs du BTP exposés à l’amiante lors des opérations de réhabilitation notamment, seuls un dixième d’entre eux font l’objet d’une surveillance médicale renforcée.

 

Par ailleurs, 25 000 travailleurs sont formés à la prévention du risque amiante en sous-section 3 (pour le désamiantage) et bien trop peu à la sous-section 4. Dans un tout autre secteur, celui du nettoyage, on estime que la branche représente 15 000 travailleurs. Depuis la recommandation sur l’entretien des dalles vinyles, une petite centaine de travailleurs ont été formés. De toute évidence, la proportion de travailleurs exposés sans formation, ni protection, ni suivi d’exposition est encore grande.

 

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