Le désamiantage en France : état des lieux actuel

Lors de la rencontre des Métiers organisée par le SEDDRe, à laquelle SECOIAM a participé, deux temps forts ont marqué les échanges.
D’une part, Qualibat a présenté un état des lieux du secteur du désamiantage et de la certification amiante, mettant en lumière les difficultés rencontrées par les entreprises pour obtenir et conserver la certification SS3.
D’autre part, la Direction Générale du Travail (DGT) a dressé un panorama complet de l’actualité réglementaire : révision de la directive européenne, évolutions de la plateforme DEMAT@MIANTE, ajustements réglementaires sur l’identification de l’amiante dans les matériaux, et lancement d’une campagne nationale de mesurages.
Dans cet article, nous vous proposons un résumé des principaux éléments à retenir des défis actuels rencontrés par le secteur du désamiantage.
Les défis actuels du désamiantage.
Si le retrait de l’amiante est cadré par un arsenal réglementaire bien implanté, sa mise en œuvre reste semée d’embûches pour les entreprises spécialisées. Actuellement, la filière du désamiantage doit composer avec une combinaison de pressions réglementaires, de difficultés opérationnelles et économiques. Décryptons les principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs du secteur.
Entreprises de désamiantage et certification amiante .

En 2024, la certification Traitement de l’Amiante a connu des évolutions contrastées. Si les demandes de nouveaux dossiers ont augmenté chez Qualibat, signe d’un regain d’intérêt, les arrêts de certification se sont eux aussi multipliés. En effet, certaines sociétés ont volontairement cessé leur activité de désamiantage, quand d’autres ont été contraintes à l’arrêt, notamment pour des raisons économiques.
Au final, le nombre d’entreprises certifiées reste globalement stable autour de 1 200 structures, un chiffre encore modeste au regard des besoins. Les nouvelles entrées compensent à peine les sorties. En effet, la certification reste un véritable parcours exigeant, tant sur le plan administratif que financier.
Qualibat note également une intensification des déclassements en 2024. De fait, l’absence de chantiers pendant plus de douze mois entraîne un déclassement automatique, ce qui fragilise encore davantage les petites structures ou celles dont le désamiantage n’est pas l’activité principale.
Enfin, notons que la situation en matière de contrôle reste stable, avec un volume constant de signalements par les Inspections du Travail.
Ainsi, malgré une vitalité apparente, la filière désamiantage peine encore à croître et reste marquée par un équilibre précaire entre ambitions et contraintes structurelles.
Perspectives d’évolution règlementaires.

Parallèlement, la DGT a fait une présentation de l’actualité règlementaire, en commençant par présenter le cadre européen et national.
La DGT a rappelé que la révision de la directive européenne 2009/148/CE, adoptée fin 2023, a renforcé l’alignement des États membres sur la prévention du risque amiante. Pour la France, déjà en avance sur plusieurs aspects (recours à la META, repérage amiante avant travaux, logique de processus plutôt que friable/non friable), cela ne nécessite pas de transposition, mais confirme ses choix réglementaires. La France se situe donc dans une réflexion pour anticiper aux mieux l’objectif européen d’abaissement de la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP) à partir de 2029.
La DGT a également présenté le nouvel arrêté portant révision de l’arrêté du 1er octobre 2019 sur les matériaux afin de sécuriser l’identification des fibres et éviter les confusions avec des fragments de clivage.
Des outils numériques et des référentiels en adaptation.
La plateforme DEMAT@MIANTE, généralisée depuis février 2023, poursuit son déploiement et connaît des évolutions régulières pour simplifier les démarches des entreprises (nouvelles fonctionnalités, formation en ligne, outils statistiques pour le pilotage national). En parallèle, la DGT prévoit de finaliser le cadre du repérage amiante avant travaux (RAT), d’intégrer la procédure alternative à la décontamination à l’humide dans un cadre réglementaire et de mettre à jour l’arrêté du 23 février 2012 relatif aux formations amiante, afin de le mettre en cohérence avec la loi « Avenir professionnel » de 2018.
Une campagne nationale sur les FPA des APR (facteurs de protection assignés aux appareils de protection respiratoire) .

Enfin, la DGT a présenté une campagne de grande ampleur visant à mesurer le niveau de performance réel des appareils de protection respiratoire (APR) utilisés sur les chantiers amiante. De plus, cette campagne doit permettre également d’acquérir des données inédites sur les fibres courtes d’amiante (FCA) en milieu professionnel.
L’objectif est double : d’une part, vérifier que les APR utilisés aujourd’hui offrent une protection suffisante face aux différents niveaux d’empoussièrement rencontrés, notamment dans les situations les plus émissives. D’autre part, il s’agit de disposer de données robustes sur les expositions aux FCA, encore mal connues mais reconnues comme potentiellement nocives dans le dernier avis de l’ANSES.
Cette campagne, pilotée par l’OPPBTP avec l’appui d’un large consortium d’acteurs (organisations professionnelles, laboratoires, donneurs d’ordre, préventeurs), s’inscrit dans une démarche de long terme. Ses résultats, attendus d’ici 2026, devraient permettre de réviser les niveaux réglementaires d’empoussièrement, ajuster les prescriptions de protection collective et individuelle, et affiner la connaissance scientifique sur les risques liés aux FCA. Elle constitue ainsi une étape clé pour renforcer la prévention et fiabiliser la protection des travailleurs.
Dans ce contexte en constante mutation, il est essentiel pour les entreprises de désamiantage d’anticiper, de comprendre et d’intégrer les évolutions réglementaires et techniques afin de maintenir leur conformité et leur compétitivité.
SECOIAM, grâce à sa veille active et à son expertise en accompagnement opérationnel, se positionne comme un partenaire de confiance pour aider les acteurs du secteur à relever ces défis. Qu’il s’agisse de décrypter l’actualité réglementaire, d’optimiser les pratiques de prévention ou de préparer les structures aux contrôles et aux évolutions à venir, SECOIAM s’engage aux côtés des entreprises pour sécuriser durablement leurs activités et protéger la santé des travailleurs.
Contactez-nous si vous souhaitez un accompagnement personnalisé ou d’une formation sur mesure : nous adapterons ensemble le programme. 😉

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